Le croque-mitaine (on écrit aussi croquemitaine) est un personnage maléfique dont on parle aux enfants pour leur faire peur et ainsi les rendre plus sages.
Son rôle est souvent de marquer les interdits sur des moments, ou des lieux, considérés comme dangereux : en premier, la nuit, traditionnellement dévolue aux démons et aux mauvais esprits. Un croque-mitaine peut se dissimuler aux abords d'un cours d'eau ou d'un étang, afin de noyer les imprudents. Dans les régions où l'hiver peut être rigoureux, un croque-mitaine (Jan del Gel, en Val d'Aran) mange le nez et les doigts de l'enfant (les parties du corps les plus exposées aux gelures). La crainte provoquée par la menace de tels personnages crée une peur qui n'a plus besoin d'être motivée : le croque-mitaine se cacherait sous le lit ou dans le placard et attendrait qu'un pied ou une main dépasse du lit pour tirer dessus, l'enfant serait alors aspiré sous le lit et disparaîtrait pour toujours.
Les croque-mitaines existent dans l'imaginaire de tous les pays. Leurs noms sont extrêmement variables et, sauf quelques particularités qui permettent de les identifier, leur aspect est assez mal défini, ce qui, dans une transmission orale, permet à chacun de s'imaginer un être d'autant plus effrayant : homme, femme, animal (le loup joue parfois le rôle de croque-mitaine), ou même une créature fantasmatique comme la came-cruse (camba crusa, ou camo cruso, « jambe crue ») en Gascogne, qui est une jambe nue avec un œil au genou.
Des personnes réelles et vivantes (âgées, au physique inquiétant, ou vivant en retrait de la communauté) endossent souvent, involontairement ou pas, la personnalité du croque-mitaine pour menacer les enfants. L'essentiel étant d'y croire. À cet égard, le croque-mitaine, supposé être une réalité pour être efficace, entre peu dans les contes de la tradition orale, qui sont en principe acceptés comme des fictions par les auditeurs, ni les légendes, considérées comme vraies mais constituées d'un récit plus ou moins précis. Le croquemitaine se situe à la lisière, les uns (les parents) ne croyant pas à sa réalité, les autres (les enfants) étant persuadés de son existence.
En revanche, c'est devenu un sujet pour la littérature écrite, la télévision, le cinéma.
La plupart des dictionnaires étymologiques éludent la question ou mentionnent simplement « origine obscure ». Parmi les étymologies qui sont proposées, aucune n'est véritablement convaincante. Le mot croque-mitaine apparaît dans la littérature au début du XIXe siècle. On le trouve à maintes reprises chez Victor Hugo, et dans la chanson de Béranger « Les myrmidons » datée de décembre 1819 :
mironton, mirontaine,
prends l'arme de ce héros ;
puis, en vrai croquemitaine,
tu feras peur aux marmots.
Le terme est formé de deux mots : croque, du verbe croquer (mordre, manger) ou crocher (attraper avec un croc), et mitaine, qui est plus difficile à interpréter :
Mitaine dériverait de l'ancien français mite, qui signifie « chat ». Il s'agirait donc d'un « mange-chat » dont le but serait de faire peur aux enfants.
Mitaine, gant aux doigts coupés, ou, pour reprendre l'interprétation précédente, une patte de chat aux griffes rentrées, suggère l'idée d'un mangeur de doigts : le monstre étant alors invoqué par les parents pour inciter leurs bambins à arrêter de sucer leur pouce.
Dans une farce, un personnage dit :
Croque, croque, mon amy,
croque cette mitaine !
en donnant un soufflet à son partenaire. Le croque-mitaine serait alors la menace d'une gifle.
Une autre interprétation verrait plutôt dans mitaine une déformation de l'allemand Mädchen ou du néerlandais meisje (dans ces langues, ces mots signifient fille au sens de jeune personne féminine).
* Platon fait référence, dans la République, à une croque-mitaine du nom de Mormo (Μορμο).
* Lesbos a également connu une croque-mitaine : Gello (Γελλο) la voleuse d'enfants.
* À Rome, un brigand du nom de Cacus était utilisé pour effrayer les enfants. Il fut tué par Hercule.
Selon certains, le croque-mitaine serait à l'origine une sorte de loup-garou. Il est supposé se dissimuler de préférence dans les lieux sombres et fermés comme sous un lit, dans un placard, dans une cave, etc.
La croyance, jadis très répandue aux Pays-Bas, selon laquelle le croque-mitaine, sur l'ordre de son maître, se glissait dans la nuit par la cheminée pour apporter les cadeaux, est née au Moyen Âge. Dans la maison plongée dans le noir, la cheminée représentait l'inquiétant passage obscur qui faisait communiquer directement avec l'extérieur, la porte des esprits (dans de nombreux contes populaires, des personnages généralement maléfiques descendent par la cheminée). Et malgré toutes les représentations grotesques du diable, on n'oubliait pas que celui-ci devait être un esprit, une puissance supraterrestre. Peut-être était-ce justement pour refouler ce personnage de croque-mitaine, ou par simple ignorance, ou encore par pure fantaisie romanesque, que l'on a fini, dans le Nouveau Monde, par faire descendre le père Noël lui-même par la cheminée. Mais cette variation est peut-être aussi l'expression d'un espoir, celui de l'existence d'un esprit bienfaisant qui, même incognito, console les petits quand les puissants dorment.
Les traditions religieuses ont très tôt donné naissance à un personnage qui, à dates établies, vient récompenser les enfants sages. En Europe, il s'agit essentiellement de saints comme Nicolas de Myre. On lui a adjoint un personnage chargé de l'autre versant, qui lui, punit les enfants méchants ou désobéissants, mais devient vite un personnage profane, un croque-mitaine quasi-officiel : le père Fouettard et ses multiples variantes. Cependant, l'aspect religieux de saint Nicolas disparaît derrière l'aspect jovial du Père Noël.
Article complet, liste des croquemitaines dans les régions françaises et dans le monde:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Croque-mitaine